projet de restauration
dans la lagune du brusc

Durée : 2~3 ans 

Budget  : ~ 200 000 €

Intervenants :  

  • Robert BUNET, Directeur de recherche en Biologie marine à l’Institut Océanographique Paul Ricard
  • Pierre BOISSERY, expert Mer, Agence de L’Eau Rhône Méditerranée Corse 
  • Fabrice Bernard, Conservatoire du Littoral
  • Élodie DAMIER, Office Français de la Biodiversité
  • Stéphanie PIERRE , océanographe et directrice du Conseil Scientifique des Îles de Lérins
  • Benjamin DENJEAN  : Le PAYSAN MARIN
  • Florian GUYADER , MAster en Biologie MArine , Université de Montpellier
  • Vincent BELLINGARD, Président de l’association LEï BRUSCADOU

1 . Contexte & justification

La lagune du Brusc (Six‑Fours, Var) est un milieu lagunaire méditerranéen soumis à des pressions cumulatives : rechargement des plages avec des sables exogènes, colmatage des fonds, fragmentation des herbiers, appauvrissement de la méiofaune benthique, et absence d’espèces indicatrices comme les hippocampes. Les initiatives antérieures — transplantation d’herbiers, installation de modules de nurserie, restauration hydraulique — ont prouvé la faisabilité de certaines actions (ex. transplantation de 80 m² de Cymodocea nodosa avec ~58 % de reprise à 6 mois), mais sans restaurer pleinement la structure trophique ni rétablir les conditions de fonctionnement global du système (Molenaar et al., 2022 ; IOPR, 2025).

Partant de la base du projet SAR-LAB, le projet 3H propose une stratégie ambitieuse et intégrée visant à dépasser ces limites : restaurer les substrats via désensablement ciblé, relancer l’activité bioturbatrice par des holothuries, reconstruire l’herbier Cymodocea, et réintroduire des hippocampes. Le tout appuyé par des outils modernes (modélisation, photogrammétrie, ADN environnemental) et une valorisation citoyenne immersive.

2 . Objectifs

Objectif principal
Travailler à la restauration de la fonction “pouponnière” de la zone lagunaire dite lagune du Brusc, permettant à terme le retour durable d’une population d’hippocampes.

Le travail s’articulera autour de 3 axes :

H comme  HERBIERS 

H comme HOLOTHURIES

H comme HIPPOCAMPES

Objectifs spécifiques

  • Établir un état des lieux plus poussé  
  • Travailler sur le sédiment 
  • Travailler sur les herbiers
  • Préparer le milieu pour un retour des hippocampes
  • Valoriser l’action et impliquer la population   

3 . Phasages

A1 – Diagnostic initial 

  • Carottages stratigraphiques jusqu’à ~1 m sur 8 sites.
  • Analyses granulométrie, matière organique (MO), potentiel redox, contaminants (HAP, métaux).
  • Photogrammétrie 3D, cartographie HD des fonds.
  • Modélisation hydrodynamique / transport sédimentaire (Marsaleix et al., 2019).
  • Prélèvements de méiofaune benthique (pièges, tamisage, ADNe) pour évaluation initiale.

A2 – Désensablement + Holothurie

  • Retrait manuel ou semi-mécanique de sable exogène sur 8 parcelles de 10 m².
  • Transport hors site, caractérisation, stockage ou revalorisation locale.
  • Suivi post-désensablement : porosité, MO, recolonisation microbienne, redox.

+

  • Évaluation des populations présentes d’holothuries.
  • Prélèvement de géniteurs (max 20 % – idéalement 200 individus) pour élevage dans une infrastructure locale (IOPR / partenaires).
  • Grossissement en conditions contrôlées jusqu’à taille adaptée au lâcher (Purcell, 2010).
  • Protocole Holosud / Holofarm … OU chez Barba ?
  • Relâcher 30 holothuries par site autour des zones transplantées et colmatées, sous structure.
  • Suivi de leur survie, comportement, apport sur le substrat (MO, granulométrie, redox).
  • Suivi via imagerie drone, observations fixes, caméras.
  • Analyse corrélative entre présence holothurie et succès des transplantations des herbiers.

Indicateurs ciblés

  • Survie ≥ 50 % à 6 mois
  • Augmentation de la qualité de la MO des sédiments
  • Amélioration indirecte du taux de reprise des herbiers

A3 – Transplantation + Reconstitution des maillons trophiques

  • Plantation de 1 400 faisceaux (soit 200 par zone) en faisceaux de 3 tiges, espacés de 25 cm.
  • Fixation avec grilles biodégradables ou petits plots, éventuellement protégés par cages anti-herbivores (formes inspirées de Seahorse Hotels ou cage de BioHut comme pour SAR LAB).
  • Relevés mensuels via quadrats (50×50cm), photographies, drones, photogrammétrie 3D.
  • Sondes multiparamètres (température, O₂, salinité, turbidité).
  • Extension progressive du protocole à de nouvelles parcelles si succès (phase d’extension à M24–M36, puis M36–M72) selon résultats. Au total 49 sites de 10 m² envisagés.

     +

  • Translocation de méiofaune d’origine naturelle (Gambi et al., 2009 ; Fusaro et al., 2023) depuis des zones saines pour amorcer les cycles trophiques dans les zones restaurées.
  • Suivi benthique / méiofaune (pièges, tamisage, ADNe, indices biotiques).

Indicateurs ciblés

  • Survie ≥ 50 % des transplantations à 12 mois
  • Recolonisation méiofaune ≥ 70 % des zones naturelles de référence
  • Progression positive de l’indice composite de restauration (ICR).

A4 – HIPPOCAMPES 

Phase 1 : Recherche & préparation 

  • Recueil de témoignages (plongeurs, pêcheurs).
  • Recherche d’échantillons historiques (musées, collections locales) pour identification ADN.
  • ADN environnemental (eDNA) sur zones candidates.
  • État initial de la méiofaune (cartographie, diversité et structure des communautés).
  • Construction de micro-habitats (“hôtels à hippocampes”) comme stations relais (Jackson et al., 2016 ; Projet SeaHorse).

Phase 2 : Élevage & acclimatation 

  • Élevage de 30 hippocampes de souche locale (ou choix entre H. guttulatus / H. hippocampus selon résultats génétiques).
  • Phase d’acclimatation en nurseries flottantes, avec conditionnement progressif à l’environnement naturel (turbidité, algues, proies naturelles).
  • Translocation de méiofaune d’origine naturelle (Gambi et al., 2009 ; Fusaro et al., 2023) depuis des zones saines pour amorcer les cycles trophiques dans les zones restaurées.

Phase 3 : Lâchers & suivi 

  • Lâchers progressifs dans zones restaurées.
  • Suivi individuel par photo-identification (patterns uniques), caméra subaquatique, photogrammétrie 3D pour recenser les micro-zones d’ancrage.
  • Recherche de reproduction (observation de juvéniles) sur plusieurs saisons.
  • Suivi de l’évolution des communautés méiofauniques en lien avec l’installation durable des hippocampes (Mesure du taux de recolonisation, de diversité spécifique, de biomasse, indice AMBI…).

Indicateurs ciblés

  • Survie ≥ 70 % à 1 mois
  • Fidélité spatiale à 6 mois dans au moins 3 sites
  • Reproduction effective observée
  • Diversité méiofaunique restaurée ≥ 70 % du niveau des sites de référence

A5 – Valorisation, pédagogie et engagement citoyen

L’association LEI BRUSCADOU, contributrice du projet 3H, assurera la mission de faire connaître les travaux en cours auprès de la population locale, des professionnels du nautisme ET des estivants. Elle valorisera le projet pour augmenter l’adhésion populaire et travaillera à la responsabilisation de chaque personne en contact avec le site. 

La méthode le l’association est l’appropriation du message par l’humour ou par l’émotion positive. Ainsi l’art sous toutes ses formes sera utilisé pour que la rigueur scientifique soit accessible à tous.

Voici la liste des projets qui seront mis en oeuvre:

Participation à des salons sur le thème de : 

  • la mer 
  • la protection de l’environnement
  • l’éducation

Organisation de réunions d’information et/ou événement  sur le thème de : 

  • la mer
  • la méditerranée
  • la lagune du Brusc

Lien avec les institutions en charge de la protection du site “NATURA 2000 Lagune du Brusc” : 

  • réunion 
  • remontées de terrain

Création de support de communication immersif : 

  • visuels subaquatiques  : Photos 360° +  vidéo pour casque de réalité virtuelle 
  • Film sur le projet

Création de support pédagogique pour intervention dans les écoles : 

  • Les Petits Pocampes
  • Les Chevaliers de la Lagune
  • La vie d’Hypomoni

Création d’un “groupe d’appui-terrain” aux scientifiques et aux gardes-natures  : 

  • 6 SNU en rotation 7/7 de mai à octobre
  • relevés d’observation faune / flore
  • pédagogie et surveillance
  • documentation plus précise la pression des activités humaines en la caractérisant et repérant les points les plus critiques.

4 .Forces, risques et arbitrages

Forces du projet

  • Approche intégrée (substrat + ingénieurs biologiques + espèce indicatrice).
  • Utilisation de méthodes modernes (photogrammétrie, eDNA) pour une grande précision.
  • Valorisation forte, implication citoyenne, diffusion immersive.
  • Phasage itératif : test puis extension.

Risques principaux

  • Survie faible des espèces relâchées (holothuries, hippocampes).
  • Retour insuffisant de la méiofaune pour soutenir la chaîne trophique.
  • Pressions anthropiques persistantes (pollution, dragage).
  • Dépendance aux conditions hydrodynamiques imprévisibles.

5 . Bibliographie

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  • Daudi, L. N., Uku, J., & De Troch, M. (2013). Role of the source community for the recovery of
  • seagrass associated meiofauna: A field colonisa7on experiment with seagrass mimics in Diani
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  • De Troch, M., Vandepile, L., Raes, M., Suárez-Morales, E., & Vincx, M. (2005). A field
  • coloniza7on experiment with meiofauna and seagrass mimics: effect of 7me, distance and leaf
  • surface area. Marine Biology, 148(1), 73–86.
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  • IOPR. (2025). SARLAB. Site de restaura7on écologique de la lagune du Brusc. Rapport 2025.
  • Ins7tut océanographique Paul Ricard – Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse. 290 p.
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