Observer un hippocampe en Méditerranée : mode d’emploi pour une rencontre respectueuse

Par Lei BRUSCADOU

C’est le rêve de nombreux curieux de la mer : croiser un hippocampe lors d’une plongée, d’une sortie en snorkeling ou même au détour d’une promenade au bord de l’eau. En Méditerranée, et notamment dans des zones privilégiées comme la lagune du Brusc, cette rencontre est possible… mais rare. Et pour cause : les hippocampes sont des maîtres du camouflage, et surtout des espèces sensibles, qu’il faut observer avec beaucoup de précautions.

Voici quelques conseils pour apprendre à les reconnaître dans leur habitat naturel, sans les déranger.


Petit rappel : qui sont les hippocampes méditerranéens ?

En Méditerranée, on trouve principalement deux espèces d’hippocampes :

  • L’hippocampe moucheté (Hippocampus guttulatus)
  • L’hippocampe à museau court (Hippocampus hippocampus)

Le premier est le plus fréquent dans la lagune du Brusc. Il mesure entre 10 et 15 cm, possède un museau allongé, un corps orné de petites taches claires (d’où son nom), et une queue préhensile qui lui permet de s’agripper aux algues et aux herbiers.

Ces deux espèces vivent dans les herbiers de posidonies ou de cymodocées, les fonds vaseux ou sablonneux, ou même dans des zones plus artificielles, si elles offrent un bon support. Ils préfèrent les eaux calmes et peu profondes, comme celles qu’on trouve dans la lagune.


Pourquoi sont-ils si difficiles à voir ?

Les hippocampes sont passés maîtres dans l’art du camouflage : leur corps épouse les teintes de leur environnement, leur mouvement est lent, presque imperceptible, et ils restent souvent immobiles, accrochés à une plante ou un bout de filament.

De plus, ils sont solitaires ou en couple, jamais en groupe, et ne fuient pas lorsqu’on s’approche. Résultat : si on ne sait pas où et comment chercher, on peut passer à côté sans les voir.


Où et comment les observer ?

🔍 Les bons endroits :

  • Les herbiers marins (cymodocées, posidonies)
  • Les zones de fonds sableux proches des herbiers
  • Les zones calmes, peu profondes, abritées du courant
  • À marée haute, le long des rives vaseuses de la lagune

🧘‍♀️ La bonne attitude :

  • Avancer très lentement, à la nage ou en palmes-masque-tuba
  • Observer à distance, sans faire de gestes brusques
  • Regarder au ras du fond, entre les plantes et algues
  • Prendre le temps : la patience est votre meilleure alliée

Souvent, on les repère d’abord par leur queue enroulée autour d’un brin d’herbier ou d’une algue. Une forme rigide qui ne bouge pas avec le courant ? C’est peut-être un hippocampe…


Ce qu’il ne faut surtout pas faire

On ne le dira jamais assez : les hippocampes sont extrêmement fragiles. Ils sont protégés par la loi dans plusieurs pays, et font l’objet d’un suivi scientifique.

Voici les gestes à éviter absolument :

  • Ne jamais les toucher : leur peau est fine, ils n’ont pas d’écailles, et le stress peut leur être fatal.
  • Ne pas les déplacer : même si vous pensez les “sauver”, les déplacer les désoriente et peut les condamner.
  • Éviter de les éclairer brutalement avec une lampe ou un flash photo.
  • Ne pas piétiner les herbiers : vous pourriez en écraser un sans le voir.
  • Ne pas les ramasser, même morts : ils peuvent être étudiés dans leur environnement naturel par des scientifiques.

Photographier un hippocampe : oui, mais avec respect

Si vous avez la chance d’en voir un et que vous êtes équipé d’un appareil photo ou d’une GoPro :

  • Restez à distance suffisante
  • Pas de flash ou de lumière vive
  • Pas plus de quelques secondes d’approche, puis laissez-le tranquille
  • Ne touchez ni l’animal, ni son support

Pensez à partager votre observation avec les associations locales, comme Lei Bruscadou, ou via des programmes de sciences participatives comme Hippo-Atlas (géré par Patrick Louisy). Vos photos peuvent aider les chercheurs à mieux comprendre la répartition des hippocampes.


Et dans la lagune du Brusc ?

La lagune du Brusc était un site d’observation privilégié, car ils se font rare depuis 15 ans. Mais ce n’est pas impossible d’en voir. On vous rappelle qu’il es tinterdit de nager dans la lagune, mais vous pouvez les observer allonger sur votre paddle avec un masque

Notre association Lei Bruscadou participe à leur préservation en restaurent les herbiers, en limitant les perturbations humaines (piétinement, ancrage, pollution), et en informant les visiteurs.

Si vous en voyez un, c’est un moment rare et une information importante. Repérez-vous sur le plan d’eau, prenez une photo de votre position dans les 4 directions, puis déclarez votre observation en cliquant ici.


En résumé

✅ Vous pouvez voir un hippocampe si vous êtes attentif, calme et respectueux
❌ Ne le touchez jamais
📸 Vous pouvez le photographier, à distance et sans flash
📍 Signalez votre observation à l’association LEI BRUSCADOU
❤️ Et surtout : profitez de la rencontre, sans la déranger